Nous avons consacré la première partie de ce billet à un rapide état des lieux de la France. Mais qu’en est-il des autres pays représentés lors de la conférence : le Portugal et la Belgique ?
Un point commun : la crise économique a accentué les inégalités dans le droit d’accès à la santé
Comparer point par point ces trois pays est difficilement réalisable : cultures, niveaux de vie, histoires et structurations sont très différents …
Pourtant il existe un point commun : la crise économique de ces 10 dernières années a eu de lourdes conséquences sur la société européenne.
Ainsi que l’on se situe au nord de l’Europe avec la Belgique ou au sud avec le Portugal, les mêmes contraintes et difficultés se retrouvent ; à des degrés divers selon l’état économique et la politique du pays mais pourtant…
Les déterminants extra médicaux d’accès à la santé sont de plus en plus malmenés : conditions de vie, logement, formation, environnement, travail …dont une série de facteurs transversaux aux 3 pays :
- Chômage particulièrement important surtout pour les pays du sud de l’Europe.
- Désengagement des états dans le financement de certains secteurs d’accès aux soins au profit de sociétés privées (ex : les maisons de retraite).
- L’assurance maladie qui se transforme : ainsi en Belgique, l’assurance maladie privée a doublé sur cette dernière décennie pour atteindre 80 % de la part de la population couverte* ;
Le Portugal a pour sa part connu en 2013 un doublement de son ticket modérateur.
- Larges déremboursements de certains médicaments, manque de moyens dans les hôpitaux et spécialement les urgences.
- Difficultés d’accès au logement obligeant les personnes à s’expatrier loin de leur lieu de travail au prix de trajets et d’amplitudes horaires exténuantes, afin de « faire bouillir la marmite » ; augmentation du nombre de logements insalubres, surpeuplés et non entretenus, souvent facteurs de maladies chez les enfants et les adultes : quels impacts à terme sur la santé ?
- Problèmes liés au travail lorsqu’il existe, qui devient alors une source de souffrance : phénomène de burn-out, stress, violences etc.
- Problèmes de gestion de flux migratoires et difficultés d’adaptation des structures médico-sociales (moyens financiers et humains restreints, complexité des situations des migrants …)
Les enjeux
La SANTE est en des enjeux de l’EUROPE A VENIR
Facteur de cohésion sociale, elle devrait faire l’objet d’une attention particulière. Au centre des préoccupations des citoyens européens, elle se voit pourtant sacrifiée dans bon nombre de pays sur l’hôtel de l’économique.
Trop souvent approchée sous l’angle du coût, l’aspect humain y a été délaissé.
Restrictions, désolidarisation en Europe, on semble oublier que la santé des populations est le passeport pour un meilleur avenir.
Interrogeons-nous sur quelques exemples :
- De quelle marge de manœuvre et de quelles ambitions dispose un ministre grec de la santé lorsqu’il voit son budget santé se réduire de 50 % ?
- Quelle promotion de la santé mentale dans une Europe toujours en prise avec l’austérité ?
Quelle part des taux de suicides est liée à la crise économique ?
- Vers quel type de solidarité se dirige l’Europe, lorsque j’entends lors d’une conférence à Bruxelles en 2010, que les « dames de charité Italiennes, qui délivrent gratuitement un service d’accompagnement des personnes âgées, sont taxées de concurrentes déloyales à l’égard des firmes ». Traité de Lisbonne, libre concurrence oblige : j’ai cru ce jour-là à une mauvaise plaisanterie.
Si les états gardent leurs prérogatives en matière de politiques de santé, l’Europe par ses décisions et orientations est un ordonnateur clé et de forte influence indirecte.
Elle impacte plus qu’on ne le pense sur la configuration générale et la structuration des politiques des pays. Je pense qu’il est temps de poser un regard extrêmement pointu sur les orientations européennes et d’être bien clair sur ce que l’on veut défendre pour notre système de santé français.
