Un constat : la consommation de certaines substances psychoactives augmente parmi les jeunes
L’étude ESCAPAD et le Baromètre Santé 2017 nous montrent l’évolution des consommations de substances psychoactives parmi les jeunes en particulier. Par exemple, entre 2014 et 2017, la part des usagers dans l’année ayant un risque élevé d’usage problématique ou de dépendance au cannabis a augmenté, passant de 21 % à 25 % (OFDT, 2018).
Face à ce constat, il faut se poser les bonnes questions, si la prévention primaire (ne pas consommer) semble peu efficace. Le développement des compétences parentales, tel qu’il est proposé au Canada en particulier, permet de faire face à des situations et de les utiliser pour réaliser une action et atteindre un objectif, d'après des standards généralement acceptés, avec efficience, efficacité, un bon timing et de façon appropriée.
Plus récemment, en France, la méthode Unplugged, basée sur les compétences psychosociales (CPS) a été évaluée et montre son efficacité parmi les jeunes collégiens et lycéens (Santé Publique France, 2019).
Par ailleurs, il ne faut pas hésiter à se rapprocher des structures qui existent, où des professionnels pourront vous accueillir, écouter, informer, et vous accompagner dans vos démarches. Parfois, une prise en charge ou un accompagnement seront nécessaires.
Le dispositif français s’est étoffé au fil des ans, et maintenant, au sein de chaque région, les ressources existent et il ne faut pas hésiter à les contacter. Dans un premier temps, les lieux d’accueil, et si nécessaire, les lieux de prise en charge et d’accompagnement.
Les lieux d'accueil jeunes
Les ESJ sont des lieux de proximité anonymes et gratuits ouverts aux adolescents et aux jeunes de 11 à 25 ans. Leur mission principale est une mission de prévention de la santé globale au sens de l’OMS (état de bien-être physique, mental et social). Ce sont des lieux d’Accueil, d’Ecoute, de Prévention et d’Orientation. Ils s’efforcent de favoriser l’éducation à la santé par des actions collectives et individuelles, le bien-être des adolescents et jeunes adultes et la prévention des troubles psychiques.
Les centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP)
Ils s’adressent aux enfants et aux adolescents qui souffrent de difficultés diverses au cours de leur développement. Ce sont des lieux de parole, ouvert à tous, où les enfants (et leurs parents) peuvent aborder les questions qu’ils se posent dans leurs relations familiales, sociales, scolaires...Les équipes sont constituées de psychologues, médecins, assistantes sociales, éducateurs. Plusieurs entretiens sont nécessaires et souvent avec différents professionnels. Durant ce temps d’évaluation, un rendezvous médical est obligatoire. Dans un second temps, après une synthèse en équipe, seront mises en place les prises en charge les plus adaptées à la demande et aux difficultés de l’enfant ou de l’adolescent.
Il existe au moins un CMPP par département en France.
Ce sont des lieux d’accueil, d’information, de prévention, de prise en charge médicale et de suivi, de recherche sur les difficultés rencontrées durant l’adolescence. Ce sont donc des lieux où pourront être reçus, informés, écoutés et éventuellement suivis, des jeunes adolescents ayant des problèmes de consommation de produits psychoactifs. Il existe aujourd’hui près de 120 maisons des adolescents en France. Elles offrent aux adolescents un accueil gratuit sur des plages horaires souples et adaptées.
Attention ! Certaines maisons de l’adolescent sont exclusivement des lieux de prise en charge médicale ou d’hospitalisation pour les adolescents présentant des pathologies spécifiques. Elles ne conviendront donc pas toujours pour une demande d’accueil, d’écoute et d’échange.
Ouvertes au 16-25 ans et plutôt tournées vers l’insertion professionnelle et sociale, les missions locales proposent également une aide médicale aux personnes qui n'ont aucune couverture sociale et qui ne peuvent prétendre à la CMU et la possibilité d’effectuer un bilan de santé gratuit.
Les Points Accueil Ecoute Jeunes
Ces structures sont destinées à réduire les comportements à risques adoptés par un certain nombre de jeunes. Ils visent à éviter les ruptures, rétablir la communication et le lien de confiance avec les adultes. Dans ces lieux le jeune doit pouvoir formuler ses attentes, exprimer son mal-être, réinvestir son parcours scolaire ou d’insertion, restaurer une image de soi et des autres positive.
Il peut également prendre conscience des problèmes liés à ses consommations de produits psychoactifs.
Les structures de prise en charge des usagers
Le dispositif général
Le développement du système de soins spécialisés ne permet pas de faire face à l’ensemble des besoins en traitement des consommateurs de drogues illicites. L’accent a été mis au cours des années 1990 sur l’amélioration de l’accueil des patients présentant des problèmes d’addictions dans le système généraliste de soins (hôpitaux et médecins généralistes). Il s’agit des structures hospitalières, des réseaux de santé ville-hôpital, sans oublier les médecins généralistes.
Le dispositif spécialisé
Les consultations jeunes consommateurs
Depuis 2005, un réseau de consultations spécifiques a été mis en place dans l’ensemble des départements. Gratuites et anonymes, elles sont destinées aux jeunes consommateurs de substances psychoactives (tabac, cannabis, alcool, drogues de synthèse, cocaïne, poly-consommations). Elles peuvent également accueillir les familles, sans leur enfant, afin de les conseiller et de les aider à trouver une démarche pouvant inciter leur enfant à dialoguer ou à consulter. Il s’agit souvent de dédramatiser des situations conflictuelles, de donner des informations, des conseils également.
Ces consultations sont rattachées à des structures médico-sociales (CSAPA) et sont composées de professionnels formés aux spécificités de l’approche des jeunes (psychologues, en particulier).
Elles permettent :
- d’effectuer un bilan des consommations,
- d’apporter une information et un conseil personnalisé aux consommateurs et à leur famille,
- d’aider, si possible, en quelques consultations à arrêter la consommation,
- de proposer lorsque la situation le justifie, une prise en charge à long terme,
- d’orienter vers d’autres services spécialisés si nécessaire.
Les Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie
Ces structures s’adressent plus souvent aux consommateurs majeurs, mais il m’arrive de voir en consultation des mineurs dont les consommations nécessitent une prise en charge (cannabis, tabac, en particulier). Les parents peuvent être accompagnés dans ce type de structures, en ambulatoire, par les médecins, infirmières et psychologues, si cela est nécessaire. Lorsqu’un jeune vient la première fois accompagné par ses parents, on le reçoit d’abord (s’il le désire) avec ses parents, puis lui seul, et ses parents seuls ensuite. Par la suite, le jeune sera reçu et accompagné seul par un intervenant. Les parents pourront également être reçus et accompagnés, par un autre intervenant, s’ils le désirent également.
Les communautés thérapeutiques
Ces structures sont peu nombreuses à ce jour en France. Pourtant, une circulaire du Ministère de la Santé (11 janvier 1995) encourage la création de centres de soins avec hébergement collectif axés sur la prise en charge par le groupe et la recherche d'autonomie sociale.
Le dispositif de Réduction des Risques (RDR)
La RDR fait partie intégrante des politiques de santé publique dans le domaine des addictions depuis 2004, et des centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques (CAARUD) ont vu le jour à partir de 2005 apportant ainsi un cadre juridique aux équipes de terrain. Les missions des CAARUD sont l’accueil collectif et individuel, l’information et le conseil personnalisé pour usagers de drogues, le soutien aux usagers dans l’accès aux soins, aux droits, au logement et à l’insertion ou la réinsertion professionnelle, la mise à disposition de matériel de prévention des infections (en particulier celles liées à l'utilisation commune du matériel d'injection), l'intervention de proximité à l’extérieur du centre, en vue d’établir un contact avec les usagers et le développement d’actions de médiation sociale.
Vous n’êtes donc pas seuls face un usage de substances psychoactives dans votre famille, et il ne faut donc pas hésiter à vous entourer de professionnels spécialisés dans ces problématiques.