Paramédical, mais presque
La différence entre diététicien et nutritionniste est que le premier n’est pas médecin, tandis que le second l’est. C’est pour cette raison que le diététicien figure au rang des « paramédicaux ».
Honnêtement, je n’aime pas beaucoup cette formulation de « paramédical », laquelle renvoie à un écart, sinon à une hiérarchie, voire à une infériorité. Nous ne saurions établir de hiérarchie, en effet, dans le soin : il y a certes un supérieur au regard de l’administration – le chef de service à l’hôpital par exemple – mais dans l’exercice de sa fonction à chacun d’exercer le mieux sa profession, quelle qu’elle soit.
Et reconnaissons, pour le dire comme cela, qu’il n’y a pas moins d’humanité chez les « paramédicaux » que chez les médecins…
Dans les pages jaunes
Vous l’avez donc compris, le diététicien est au (médecin) nutritionniste ce que sont le kiné et le podologue au (médecin) rééducateur ; ce que sont encore l’orthophoniste à l’ORL, l’orthoptiste à l’ophtalmologue, le psychologue au psychiatre, etc.
Maintenant, comment les distinguer dans la pratique clinique ? Il n’y a pas de différence en ce qui concerne la prescription d’un menu : l’un et l’autre sauront très bien le faire (ou peut-être mieux encore la diététicienne ?). De la même façon que le psychologue et le psychiatre ont la même compétence pour procéder à une psychothérapie.
Ben alors ?...
La différence ne réside pas que dans le fait d’être titulaire du diplôme de « docteur », ou pas. Le nutritionniste est effectivement médecin, et c’est à ce titre qu’il va élaborer le projet médical, un projet construit en 3 temps consécutifs, tous médicaux :
- Y a-t-il une maladie à l’origine de la prise/de la perte de poids ?
- Y a-t-il une maladie à l’arrivée (dans la prise ou la perte importante) ?
- Comment fixer (et expliciter) l’objectif de poids ?
Tout ceci relève donc de la responsabilité d’un médecin. Et c’est bien pour cette raison que les diététiciennes ne souhaitent pas intervenir en premier lieu dans notre service. Un premier temps médical donc, après quoi l’un et l’autre pourront intervenir en collaboration, selon des modalités variables.
P.S. : et les diététiciennes nutritionnistes alors ?
C’est malin de poser des questions compliquées, d’embrouiller le débat…
Et pourtant si, ce statut existe bien, au moins en Europe, où les formations sont généralement plus longues qu’en France. Cela fait des années que l’on en parle, mais le changement ce n’est pas pour maintenant : la France demeure accrochée à 2 années d’étude (en BTS ou en IUT), alors que l’Europe a clairement inscrit le métier de diététicien dans le système LMD (licence/mastère/doctorat), avec à la clé 3, 5, et 8 ans d’étude respectivement.
« Diététicien nutritionniste » se réfère ainsi à la formation complémentaire d’une année de la formation de base (équivalente donc à une licence). Et une année supplémentaire pour médicaliser quelque peu et aussi pour une ouverture aux sciences humaines, ce n’est déjà pas beaucoup ! Tant la nutrition renvoie à beaucoup de domaines.
Un soignant bien coté ?
Et il y a malheureusement une différence fondamentale encore : le médecin s’installe en secteur 1, ou en secteur 2 ; les actes médicaux sont remboursés, les dépassements d’honoraires décents sont pris en charge par les mutuelles, tandis que l’acte de diététique n’est pas coté.
Et ceci est tout simplement un scandale. Pourquoi nos responsables, en effet, nous rebattent les oreilles de la prévention, de la prévention par-ci, et de la prévention par-là, sans inscrire pour autant la consultation diététique à la nomenclature des actes remboursés, quand on sait que les grands fléaux de santé sont des maladies nutritionnelles (diabète, obésité, dénutrition) ou ont des déterminants nutritionnels (maladies cardiovasculaires, cancers, etc.) ?
S’il n’y a pas là une résistance massive au changement !
(Tiens, justement, ça me vaudra la parution toute prochaine d’un bouquin sur les résistances au changement. C’est que le Réel, ça résiste !)