L'essentiel
On appelle phlébite la formation d’un caillot sanguin qui bloque complètement ou partiellement la circulation sanguine dans une veine. Si le caillot migre dans une artère pulmonaire, la phlébite peut donner lieu à une embolie pulmonaire qui, non traitée, est gravissime. On parle de maladie thrombo-embolique veineuse.
La forme typique est le tableau clinique de la grosse jambe rouge fébrile. La personne doit consulter rapidement un médecin pour faire le diagnostic, débuter le traitement par les anticoagulants et ainsi éviter le risque d’embolie pulmonaire.
Il existe des mesures simples pour prévenir l’apparition d’une phlébite comme éviter de rester alité ou immobile pendant plusieurs heures et éviter les vêtements qui gênent la circulation sanguine. Il existe beaucoup de facteurs de risque de la maladie thrombo-embolique : cancer, intervention chirurgicale, immobilisation plâtrée, long voyage, obésité, trouble de la coagulation, l’association tabac et pilule oestroprogestative…
Les antivitamines K et les nouveaux anticoagulants actifs par voie orale sont les traitements de la phlébite profonde et de l’embolie pulmonaire qu’il faut prendre plusieurs mois voire au long cours en fonction de la cause et du risque de récidive.
Qu'est ce que la phlébite ?
La phlébite est une affection qui est due à la formation d’un caillot sanguin dans une veine. La circulation du sang dans cette veine est alors bloquée, soit partiellement, soit totalement.
La phlébite apparaît le plus souvent dans une veine des jambes. Elle peut être superficielle ou profonde (on parle alors de thrombose veineuse profonde).
Il est souvent impossible de déterminer une cause précise, mais l’alitement et l’immobilisation prolongée sont des facteurs favorisants majeurs.
Il existe de nombreux facteurs de risque de la maladie thrombo-embolique veineuse :
- l’âge,
- un antécédent de thrombose veineuse profonde ou d’embolie pulmonaire,
- un cancer, une maladie inflammatoire ou infectieuse en cours,
- un alitement supérieur à 3 jours,
- une intervention chirurgicale datant de moins de 4 semaines,
- un poly-traumatisme,
- une paralysie ou une immobilisation plâtrée récente,
- un voyage supérieur à 6 heures (voiture, autocar, avion),
- un trouble de la coagulation ou anomalie constitutionnelle de l’hémostase (avec ou sans histoire familiale),
- la pilule œstro-progestative ou le traitement hormonal substitutif,
- la grossesse et le post-partum,
- l’obésité,
- une hyperuricémie,
- une hypertriglycéridémie,
et à moindre degré, des facteurs communs à l’athérothrombose artérielle :
- l’hypertension artérielle,
- le diabète,
- le tabac (surtout s'il est associé à la pilule œstro-progestative),
- un HDL cholestérol bas.
La phlébite profonde peut être suivie d’une complication aiguë : l’embolie pulmonaire c’est-à-dire un blocage total ou partiel du réseau des artères qui irriguent les poumons par un ou plusieurs caillots de sang. En effet, la migration du caillot de la phlébite dans le réseau veineux va atteindre le cœur droit, puis le caillot sera envoyé dans les artères pulmonaires, on parle d’embolie pulmonaire où le caillot se retrouve bloqué. Non traitée, l’embolie pulmonaire est gravissime.
En France, on estime que 70 000 phlébites profondes surviennent chaque année et que 10 à 20 000 décès sont imputables à une embolie pulmonaire, ce qui en fait une cause majeure de mortalité dans notre pays.
Quel sont les symptômes de la phlébite et qui consulter ?
La veine touchée devient rouge et dure. Elle devient, en cas de phlébite superficielle, visible et une rougeur peut apparaître autour. La personne ressent une douleur et une sensation de chaleur autour de la veine atteinte. Le membre peut être œdémateux, rouge. De la fièvre peut survenir. Le tableau clinique de la grosse jambe rouge fébrile est typique de la phlébite. Mais la majorité des phlébites profondes sont asymptomatiques.
Quand la phlébite touche une veine profonde, un traitement médical avec des anticoagulants doit être prodigué rapidement. Si la phlébite profonde n’est pas traitée, le caillot peut se déplacer et bloquer l’apport sanguin aux poumons, ce qui provoque une embolie pulmonaire. C’est une situation très dangereuse.
Attention. En cas d’œdème ou de douleur soudaine, on ne doit pas masser la région atteinte. Cela risquerait d’aggraver la situation.
En présence de ces symptômes, vous devez consulter rapidement un médecin pour éviter le risque d’embolie pulmonaire. Pour confirmer le diagnostic de phlébite profonde, le médecin demande une prise de sang avec dosage des D-dimères. Si les D-dimères sont élevés (ou positifs) et qu’il existe une probabilité clinique forte de phlébite, l’écho-doppler veineux est l’examen clef qui va assurer le diagnostic. Si les D-dimères sont négatifs, le diagnostic de phlébite profonde est extrêmement faible.
Comment prévenir l'apparition d'une phlébite et quels sont les traitements ?
- Ne pas rester immobile plusieurs heures (au-delà de 6 heures) : attention aux longs voyages en voiture, autocar, avion (longs courriers) et aux repas qui se prolongent ;
- Boire suffisamment d’eau (environ deux litres par jour) ;
- Ne pas porter de vêtements qui gênent la circulation sanguine, par exemple les bas serrés aux chevilles ou aux genoux, les jeans et pantalons serrés.
La prévention est très importante pour ceux qui ont déjà souffert de phlébite profonde. Sans mesures de prévention, une personne sur trois sera atteinte de nouveau, dans les cinq ans suivant la première phlébite. Chez ces patients, la contention-compression veineuse par bandes, bas, ou collants est indispensable au long cours.
Les traitements sont dépendants du niveau de l’atteinte :
Pour une phlébite superficielle, le repos, accompagné d’une élévation de la jambe et de l’application de compresses tièdes, de deux à trois fois par jour est le traitement de base. Des anti-inflammatoires sont souvent prescrits. La situation s’améliore généralement en une semaine ou deux.
Pour la phlébite profonde, le cardiologue va prescrire des {{anticoagulant}}s, tout d’abord par voie sous-cutanée, puis des antivitamines K ou des nouveaux anticoagulants actifs par voie orale durant une période allant de plusieurs mois à plusieurs années en fonction de la cause et du risque de récidive.
Le port de bandes, bas ou collants de contention est indispensable pour diminuer l’œdème et aider à prévenir les complications.
Le traitement de la cause doit être réalisé si possible (arrêt de la pilule oestro-progestative, arrêt du tabac, traitement d’un cancer…)
Il n’existe pas de traitement complémentaire spécifique à la phlébite. Il s’agit d’une maladie potentiellement grave qui demande un suivi médical. On doit privilégier la prévention.
Auteurs : ALLAIS Claire (Dr - Médecin généraliste) • GALLOIS Hervé (Dr - Médecin cardiologue) • Equipe Offre Prévention de la Mutualité Française
Sources